Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
ENSEMBLE POUR NOS COMMUNES
ENSEMBLE POUR NOS COMMUNES
21 avril 2006

Discours au Conseil National de l'UDF du 10 juin 2006


Mes chers amis, Au risque de vous décevoir, je ne vous parlerai ni de finance, ni de l'Europe, mais je voudrais revenir sur un sujet d'actualité en vous apportant un éclairage très concret de ce que peut être et de ce que peut faire l'UDF en ce moment.

Nous avons tous entendu autour de nous, quelquefois repris nous-mêmes, des critiques du genre : "L'UDF dit non, c'est stérile ; l'UDF critique le Gouvernement et c’est donc qu’elle est tombée à gauche".

Je vais vous parler d'immigration. Nous sommes, en ce moment, en plein dans le débat parlementaire sur le texte de loi sur l'immigration et l'intégration. Après que nos collègues députés aient travaillé ce texte, il est maintenant au Sénat. Nous avons appuyé nos interventions sur ce sujet, sur les réflexions menées par l'UDF. Gilles Artigues rappelait à l’instant le travail fait sur tous les sujets depuis 6 mois.

Avec Muguette DINI, et le Groupe UDF du Sénat, nous avons auditionné tous ceux qui pouvaient avoir un éclairage à nous proposer pour faire un travail de fond, sérieux débouchant sur des propositions concrètes et précises. Et nous sommes partis dans le débat en disant non à un texte dont nous considérions qu'il n'était pas bon.

Pourquoi n'était-il pas bon ? On a essayé de le dire. Ce texte, à dix mois des échéances que nous savons, quelques mois après un texte précédent portant sur le même sujet dont les textes d'application ne sont même pas encore sortis, visait à l'évidence surtout un effet d'affichage qui ne peut qu'exacerber certaines grandes peurs et ce n'est pas le moment de le faire dans un contexte électoral forcément passionné lui-même. N'ajoutons pas de la passion à un sujet qui est déjà excessivement passionné.

Nous avons fait une critique de fond sur ce texte: comment discuter d'immigration dans notre pays au sein d'une Union européenne qui n'a plus de frontière intérieure ? Anne-Marie Comparini le disait tout à l'heure : l'ensemble des Européens sentent ce sujet comme sensible. Et de fait, ce n'est qu'au niveau européen que l'on pourra proposer des solutions efficaces.

La vraie solution, par ailleurs, n'est pas d'essayer de faire en sorte de barrer ou pas, l’accès à notre pays. La vraie solution c’est d'aider les pays les plus pauvres à se développer. Cela aussi ne peut se faire qu'au niveau européen, sinon on ne sera pas à la hauteur des besoins ni de l'importance des problèmes qui se posent.

Nous avons dit non à ce que le texte appelle « l'immigration choisie ». Et nous avons déposé un amendement de suppression de l'article qui prévoit de mettre en place une carte compétences et talents. Cette « approche »nous choquait.

Je vous développe en deux mots l'argumentaire que j'ai présenté hier matin au Sénat, argumentaire qui venait défendre un amendement de suppression déposé par l'UDF, alors qu'un même amendement de suppression était déposé par les communistes et un autre par les socialistes.

Vous voyez que le décor était planté. On était vraiment dans ce que les autres critiquent.

Argumentaire : 1 - cette disposition n'est pas applicable. Comment définir les métiers qui nous intéressent et ceux qui ne nous intéressent pas ? Comment, à l'intérieur de ces métiers, dire que telle personne a la compétence voulue ou ne l’a pas ? Quels recours auront ces personnes ? Etc.

Inapplicable. Mais l'objectif n'est pas de l'appliquer car on n'aura pas le temps de sortir les textes d'application d'ici la présidentielle. L’objectif était d'en parler.

2 - non opérationnel. Pourquoi ? En fait, sous couvert de dire on va sélectionner ceux qui nous intéressent, on essaie de dire sans l’oser vraiment : nous voulons fermer la porte à ceux qui ne nous intéressent pas. En réalité, ceux qui ne nous intéressent pas, à qui on veut fermer la porte, viendront quand même, comme clandestins et, ceux qui nous intéressent nous ne les aurons de toutes façons pas, car la France n'est pas attractive, car les meilleurs talents du monde vont aux Etats-Unis et pas chez nous.

Je vois Gilles de Robien réagir. Sur l’attractivité du pays, la solution est bien et largement autour de ce que fait notre appareil éducatif, autour de ce que font nos entreprises, autour de ce que veulent et attendent nos forces vives : que la France soit capable de mettre en place une véritable politique d'attractivité et de compétitivité.

Je reviens à l'immigration, le troisième argument, après le fait que ce n'était ni applicable ni opératoire -je l'ai indiqué et personne n'avait osé le faire dans l'hémicycle- c'est moralement inacceptable de dire qu'il y aurait des immigrés utiles et des immigrés pas utiles.

J'ai indiqué que les immigrés étaient tous des êtres humains dignes de respect, condamnés par la situation de leur pays à le quitter. Or jamais on ne quitte de gaieté de cœur sa famille et ses racines. Ces femmes et ces hommes doivent donc être tous respectés, sans discriminations !

Partant de là, parler d'une immigration choisie est inacceptable pour nous, excepté si elle est choisie, par nous, par les pays d'origine et par ceux qui sont dans la situation, de n’avoir pas d'autres issues que de fuir vers des pays développés comme le nôtre.

Nous avons donc dit : non. Nous avons refusé cet article carte des compétences et talents, dans des conditions appréciées par tous dans l'hémicycle, y compris par mes collègues de l'UMP qui prenaient peu la parole mais aussi par la gauche; sur tous les bancs nous avons entendu : "C'est ce que l'on aurait dû dire".

Dans la foulée, pour bien montrer que nous tirions partie de la réflexion que nous avons conduite au préalable, nous avons fait une série de contre-propositions. Nous avons fait adopter par le Sénat avec l’approbation du Gouvernement, qui a reconnu qu'il n'y avait pas d'autres solutions, toute une série d'amendements, Notre « non » n'était pas stérile.

Nous sommes arrivés à une solution dans laquelle, dans le cadre d'une politique de co-développement bâtie dans le contexte d'accords bilatéraux, pays à pays, France avec chacun des pays, seront négociées les conditions dans lesquelles c'est intéressant pour eux et pour nous de gérer ensemble les flux migratoires.

Nous avons mis un certain nombre de limitation, notamment dans le temps, pour la présence des immigrés de ce profil pour qu'à terme ils retournent faire profiter leur pays de l'expérience acquise chez nous et qu'ils soient porteurs des valeurs de la francophonie et porteurs d'accords complets, solides, féconds entre notre pays et l'Afrique, base d'une vraie politique africaine que la France n'a jamais vraiment eue dans cet esprit.

Dans ce contexte, l'article ainsi modifié a été adopté par le Sénat, et c’est notre texte qui a été adopté. J'ai vu nos collègues UMP qui ont dit : "Tu as bien de la chance d'avoir pu dire ce que tu voulais, car on pensait comme toi et on aurait bien voulu pouvoir le dire".

Nos collègues de gauche ont demandé un scrutin public sur l'amendement de suppression de l'article. Nous avions retiré notre amendement de suppression et ils avaient maintenu le leur. Nous n'avons pas participé au vote sur cette question qui n'en était plus une pour nous, mais nous avons adopté l’article modifié, qui, lui, n’était plus celui proposé par le Gouvernement mais le nôtre.

Il a été possible de faire avancer le débat sous les couleurs de l'UDF.

La voix de l'UDF peut se faire entendre aujourd'hui. Oui la voix de l'UDF se fera entendre demain pour éclairer et préparer l'avenir que la France et l'Europe attendent, l'avenir au regard duquel notre famille politique a donc une responsabilité énorme.

C'est pour cela que nous travaillons, que nous réfléchissons et que nous proposons, c’est pour cela que nous nous tournons résolument vers cette lumière, dont parlait Jean-Marie Cavada à l'instant, lumière qui éclaire la route sur laquelle nous nous sommes engagés résolument avec confiance et enthousiasme.


Conseil national de l'UDF - 10 juin 2006

Publicité
Commentaires
ENSEMBLE POUR NOS COMMUNES
Publicité
Derniers commentaires
Publicité