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ENSEMBLE POUR NOS COMMUNES
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2 octobre 2007

Crise humanitaire au Darfour

Intervention du Sénateur Denis BADRÉ dans le débat sur la crise humanitaire au Darfour, lors de la session plénière de l'Assemblée plénière du Consiel de l'Europe, mardi 2 octobre matin.

Monsieur le Président, mes chers collègues,

La réponse de notre Assemblée à la terrible crise humanitaire que vit le Darfour était tellement nécessaire que certains la jugent tardive au regard du drame quotidien que connaissent plus de deux millions de personnes depuis quatre ans et demi.

Je salue donc le rapport de notre Commission des migrations, des réfugiés et de la population et ses recommandations puisqu’elles vont dans le sens d’un renforcement de l’intervention humanitaire sur place. Je soutiens également les amendements proposés par la Commission des questions sociales, de la santé et de la famille, qui invitent à prendre en compte la situation des enfants engagés de force au sein des milices.

Je m’interroge simplement sur la portée de nos prises de positions. Je pense que nous ne devrions pas nous satisfaire de n’intervenir que sur les conséquences, mais aborder directement la question des causes de tels conflits, que ces causes soient religieuses, ethniques, économiques ou géopolitiques. Au delà d’une réflexion globale sur l’action humanitaire dans un conflit de nature inédite, peut-on aujourd’hui faire l’économie d’un vrai débat sur l’avenir du continent africain, et sur le devenir de ses nouveaux rapports avec les États Unis, la Chine, et bien sûr le continent européen ?

Oui, la question du Darfour est bien aussi une question européenne. Notre responsabilité est engagée. Elle l’est bien sûr déjà sur le plan militaire, avec l’envoi d’une force de l’Union européenne destinée à faciliter le déploiement de l’aide humanitaire. Mais elle est engagée aussi sur le plan politique : cette crise devrait au moins offrir à l’Europe une occasion de montrer son unité face à l’insupportable, ce qui rendrait plus crédible nos stratégies de développement pour l’Afrique. Nous ne pouvons plus rester enfermés dans nos traditions diplomatiques nationales, pour ne pas dire plus quand il s’agit de l’Afrique. Une vision commune doit se dégager, qui permette d’ouvrir des perspectives concrètes, au-delà du succès de la mission de maintien de la paix à laquelle nous participons.

Cette vision ne saurait être seulement commune aux 27 membres de l’Union européenne – ce qui n’est malheureusement déjà pas toujours acquis – mais bien concerner tous les États représentés aujourd’hui au sein de notre Assemblée. En plus d’un soutien économique et social, c’est bien en effet d’une philosophie politique fondée sur l’idée de liberté qu’il doit s’agir.

L’Europe a sa place aux côtés des peuples d’Afrique. Non pas tant en raison de passés communs mais bien au nom de l’avenir, tant la jeunesse et la vitalité de l’Afrique doivent être valorisées au bénéfice de tous ses peuples, tant elles devraient aussi nous amener à donner un nouveau souffle à l’héritage démocratique européen. L’Afrique et, en particulier, le Darfour ne peuvent plus être tributaires d’enjeux économiques ou énergétiques et rester ainsi éternellement les victimes du cynisme des grandes puissances. Nous devons opposer à une arrogance polyforme, aveugle et meurtrière la générosité d’idées simples fondées sur la liberté et la dignité de l’être humain, principes fondamentaux qui sont au cœur de la Convention européenne des Droits de l’Homme.

Je rappellerai ici en conclusion cette très belle formule du Président Vaclav Havel : « Notre histoire a connu des heures de gloire mais aussi beaucoup de misères. Nous ne devons pas dire à ceux qui s’enfoncent aujourd’hui dans des conflits apparemment sans issue : « Faites comme nous ». Nous devons simplement leur envoyer un message d’Espérance : « Au 20ème siècle, l’Europe a touché le fond de l’horreur. Et nous nous en sommes sortis ». Mais, ce que nous avons fait n’est pas transposable.  À chaque conflit sa solution. Sachons simplement qu’une vraie solution est toujours affaire de générosité, de courage et de volonté politique ».

La volonté politique, cela devrait concerner chacun d’entre nous.

Et puis, au Darfour, tous les Droits de l’Homme sont bafoués : notre Assemblée est elle-même institutionnellement évidemment concernée !

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