Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
ENSEMBLE POUR NOS COMMUNES
ENSEMBLE POUR NOS COMMUNES
20 mai 2006

Discours pour le 66ème anniversaire de l'Appel du 18 juin

Nous nous retrouvons  devant notre Monument aux morts pour commémorer l’appel du 18 juin. De ce jour où le Général de Gaulle a dit "non" à l’attentisme, à la fatalité, aux renoncements. Pour dire, en fait, "oui" à l’engagement, à l’avenir qui ne meurt jamais, à l’effort, à la liberté, à l’Espérance qui soulève  les montagnes.

Le 18 juin, le Général de Gaulle était bien seul. Il savait que  peu  de gens allaient l’entendre en direct.  Cela ne l’a pas empêché de se lever et de parler au monde. Il savait aussi que le chemin serait long et semé  d’embûches, qu’il aurait à se battre tous les jours  et sur tous les sujets contre ses adversaires, mais aussi bien souvent contre ses alliés, qu’il allait falloir sans cesse recommencer à convaincre, à mobiliser, à entraîner. Ce "non" il allait devoir le redire presque tous les jours jusqu’à la libération  complète du territoire, jusqu’à l’anéantissement du nazisme.

Et il allait avoir l’occasion de l’exprimer à nouveau bien des fois, ensuite, pour faire reculer toutes les compromissions.
Le "plus jamais cela" du traité de Versailles et des accords qui  suivirent dans les années 20 avait été balayé par la montée des nationalismes et de l’esprit de revanche, en germe  dans  ces traités dits "de paix". Malgré ce "jamais plus cela" notre continent manqua sombrer définitivement  dans une nouvelle déflagration mondiale qui allait laisser derrière elle des nations exsangues et des haines apparemment  irréductibles.

Il fallut redire "non" aussi bien à la facilité de la mise sous administration américaine qu’aux périls d’une révolution intérieure, pour retrouver la pleine maîtrise de notre destin,  et même notre place parmi les vainqueurs.

Il fallut répéter ce "non" pour dire autrement  "plus jamais cela", en osant l’inimaginable réconciliation franco allemande.
N’oublions jamais ce qu’a apporté à la France, à l’Allemagne et à l’Europe cet autre  "non", clair et tranchant, de Schuman le 9 mai 1950. Ce "non" qu’allaient  reprendre le Général de Gaulle et le Chancelier Adenauer refusant à leur tour et d’une seule voix l’idée que l’histoire est écrite d’avance, rejetant  l’enchaînement des passions destructrices, rappelant  que c’est l’homme, debout, parfois seul,  qui écrit l’avenir…. Et que ce n’est  jamais l’histoire qui soumet les hommes.

Il fallait pour cela admettre que les Allemands n’avaient pas tous été des nazis, et que les Français n’avaient pas tous été des "résistants"… Non sans mal, on y est à peu près arrivé.
Collectivement responsables de la guerre, nous l’étions aussi face à l’avenir du continent à rebâtir. Pas plus que la guerre, le déclin n’est fatal.
Il fallait tracer  des perspectives, ouvrir des voies,  afin que ce "non" repris par les Allemands et les Français soit fondateur pour l’avenir du continent… et peut-être du monde.
Ce fut la méthode Schuman mise au service  de la construction d’une Europe de la paix et des droits de l’homme : "Pour construire une paix durable, apprends   aux hommes à travailler ensemble".

Au fil des ans, le succès de la méthode ramena  le bien-être économique, le confort moral… et un « politiquement correct » qui peut se résumer,  pour les politiques,  à peu près à : "je suis leur élu, donc je les suis, » et, pour les citoyens,  à : « que les politiques assument, ils ont été élus pour cela, ce n’est plus mon affaire ». On en est même venu à oublier l’essentiel, le coût de la guerre  comme le prix de la paix. Tout redevient fade, la liberté aussi.  Et pourtant, le récent élargissement de 2004 aurait dû nous rappeler que si, pour une moitié de l’Europe,  1945 signifia libération, ce fut le début d’un nouvel asservissement pour l’autre moitié.

Aujourd’hui, pour nous Français, dire non, c’est refuser le repli sur soi, la dette et les déficits et plus généralement tous les « égoïsmes ordinaires ». C’est  aussi renouer avec nos responsabilités à l’égard de l’Union européenne. Heureusement, si nos partenaires de l’Union éprouvent une certaine satisfaction à voir remise à sa place la France dont ils critiquaient hier l’arrogance, ils se tournent tout de même toujours vers elle, attendant de nous un signe, des initiatives, des propositions qui puissent remettre sur les rails cette fantastique aventure  qu’est la Construction européenne. Notre mission n’est pas achevée…

Nous devons renouer avec l’audace et retrouver  l’inspiration.
Alors que le monde plus tourmenté et fragile que jamais attend l’Europe, la France ne peut se contenter   d’une place dans les tribunes. Elle doit être au rendez-vous que lui donne à nouveau l’histoire. Elle feint de ne pas l’avoir compris. Elle ne veut pas le voir. Elle préfère les poisons des petites luttes partisanes.  Elle se prétend fatiguée !... Pouvons-nous nous contenter d’attendre ?
Ces renoncements sont-ils dignes de notre pays ? Qu’est devenu pour chacun de nous le message exprimé par l’appel du 18 juin ?  Le Général de Gaulle avait-il choisi d’attendre ?

En mémoire des victimes de toutes les guerres du 20ème siècle et en particulier de ceux des enfants de Ville - d’Avray dont les noms figurent sur notre Monument aux morts, dans l’esprit des luttes engagées contre tous les totalitarismes, de la réconciliation franco-allemande et du lancement  de la Construction européenne, œuvre de paix et de promotion des droits de l’homme dont le monde  a tant besoin,  nous allons observer une minute de silence.

Ne baissons pas les bras ! Et rappelons à nos enfants que la paix et la liberté ne sont jamais acquises...

Publicité
Commentaires
ENSEMBLE POUR NOS COMMUNES
Publicité
Derniers commentaires
Publicité